Statue nkisi Songye

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

Bois - H. 78 CM

Provenance :

Collection Willy Mestach, Bruxelles

DESCRIPTION

Dans son ouvrage de référence, François Neyt (2004) a classé cette statue parmi les styles de la région de Sentery et des limites nord-orientales de l’aire socio-culturelle Songye. Dans cette zone notre œuvre se réfère au style central des Kalebwe Ya Ngongo (au sud-ouest de Sentery). Traditionnellement, ces statues magico-religieuses (mankishi – pluriel de nkishi) communautaires (celles de grandes tailles) étaient en effet conservées dans un sanctuaire situé généralement au centre du village et confié à la garde d’une femme âgée ou d’un vieil homme qui fixaient le moment et le mode des rituels dans lesquels ces statues devaient intervenir. Par ailleurs, leurs pouvoirs pouvaient être réactivés, à chaque nouvelle lune, par un rituel pendant lequel elles étaient sorties du sanctuaire et portées en procession à travers le village. Elles étaient alors manipulées à l’aide de bâtons fixés aux orifices sous les bras des statues.

Selon Neyt, cette œuvre daterait du début XIXe siècle. Malgré son aspect fragmentaire (la base et sans doute la corne du sommet manquent), elle montre une grande taille la situant à l’origine parmi les plus grandes (plus de 1 m) de son corpus de référence. La largeur de la tête, du cou et de l’anatomie en général (bras et mains, haut des jambes) renforce  la massivité de l’ensemble. La perte des attributs – plaques en cuivre martelé du visage, pagne de raphia tissé (seule la charge magique de l’ombilic est restée en place) – dévoile aussi la grande force des volumes mis en place par le sculpteur. 

La grande statuaire magico-religieuse nkisi est aujourd’hui l’une des plus appréciée (et recherchée) parmi les traditions sculptées du continent. Au-delà de sa riche symbolique, source d’un constant renouvellement des idées et du regard portés sur les arts africains, elle a su progressivement s’imposer auprès des connaisseurs du fait de son grand intérêt plastique avec le jeu – très contemporain – de l’accumulation et de la dissimulation des matières qui viennent renforcer la puissance de la sculpture. 

PUBLICATIONS

Art History of Zaïre, François Neyt, 1982, p. 356

Regard sur une collection, Philippe Guimiot, 1995, p. 26

Songye. La redoutable statuaire Songye d'Afrique centrale, François Neyt, 2004, p. 218, ill. 183

L'Intelligence des Formes, catalogue de l’exposition, Willy Mestach, Bruxelles, 2007, p.146, fig. 47

IncarNations, catalogue d’exposition, BOZAR/Centre for Fine Arts, Bruxelles, 2019, p. 8

EXPOSITIONs

Bruxelles, Belgique: L'Intelligence des Formes, Salle des Beaux-Arts, 6-29 juin 2007

Bruxelles, Belgique: IncarNations, BOZAR/Centre for Fine Arts, 4 juillet-29 août 2019